Paris, le 28 avril 2020

Suite à sa démission du bureau de PostgreSQL Europe en février dernier, Guillaume Lelarge revient sur l’histoire de l’association à travers ses années d’engagement communautaire.


portrait de Guillaume

Juillet 2007, Prato, Italie. C’est comme si c’était hier, et pourtant, ça fait déjà 13 ans. Pas de saloperie à la coronavirus à l’époque. Une bande de potes en Italie, au soleil, dans une cour, proche d’un bâtiment associatif, à écouter de la musique, à manger des glaces et à boire des bières. La définition même de l’insouciance. Et pourtant, on discutait à batons rompus. De quoi ? De PostgreSQL, de son adoption, de sa promotion.

C’était le premier PGDay en Europe. Le premier tout court en fait. Il y avait Gabriele Bartolini, l’un des organisateurs. Lui et son équipe avaient réussi à faire venir beaucoup de monde : Magnus Hagander (Suède), Dave Page (Royaume-Uni), Simon Riggs (Royaume-Uni), Andreas Scherbaum (Allemagne), Greg Stark (Canada), Josh Berkus (USA), David Fetter (USA), Oleg Bartunov (Russie), et quelques autres, dont quelques Français… Jean-Paul Argudo, Cédric Villemain, et moi. Plein de personnes qui ne se rencontraient jamais ainsi, ou si rarement à cette époque-là. Là, tous ensemble, en rond, dans cette cour, à discuter de comment faire en sorte que cette excellente idée de PGDay italien soit une idée et une réalisation plus commune, plus globale, plus mondiale tout en conservant le côté humain.

Février 2008. Changement géographique, changement climatique. On est à Bruxelles au FOSDEM. Les copains sont là, les bières sont toujours là (et bien meilleures, n’en déplaise à Gabriele), mais la neige belge a remplacé le soleil italien. Première assemblée (et seule en présentiel) de la nouvelle association PostgreSQL Europe. Une association française loi 1901, dont les statuts sont une copie de ceux de l’association française. Le bureau est alors composé de Jean-Paul Argudo, Gabriele Bartolini, Magnus Hagander et Andreas Scherbaum. Une association légalement française, mais résolument européenne. Tous les quatre signent les documents de l’association le 24 février dans une des salles que l’Université Libre de Bruxelles prête au FOSDEM.

FOSDEM 2008

Le but de l’association est de promouvoir l’utilisation de PostgreSQL. L’idée de base est de créer des PGDay un peu partout en Europe avec un gros événement annuel sur plusieurs jours.

Au fil des années, l’association va devenir de plus en plus organisée. Elle gère directement deux événements :

  • le PGDay/FOSDEM à Bruxelles ;
  • PostgreSQL Conference Europe.

Elle aide aussi la communauté à gérer d’autres événements, notamment le PGDay.Paris, le Nordic PGDay, le PGConf.DE. Elle fournit pour cela son aide légale, financière et organisationnelle. Toute l’expérience issue de l’organisation de PostgreSQL Conference Europe est utilisée pour gérer ces événements, certes plus modestes mais tout aussi importants.

Ces événements ont pour but de faire connaître PostgreSQL. Pour cela, des conférences sont données en anglais par différents intervenants venant du monde entier. Les salles sont remplies, les participants apprécient la qualité des conférences et l’organisation de l’événement. Les organisateurs s’assurent qu’il y ait des temps de pause entre les conférences. Des soirées sont organisées. Tout cela permet aux participants de discuter directement avec les conférenciers mais aussi avec les développeurs de PostgreSQL. Ce sont parfois, voire souvent, les mêmes, et c’est très bien ainsi. C’est ce qu’on appelle entre nous le Hallway Track. C’est pratiquement le plus important. Au fil des années, des nouveautés surgissent. Certains sponsors peuvent disposer d’une table pour se présenter. Un tableau est disponible pour chercher un travail ou chercher un futur employé. Des tours de cou pour les badges des participants permettent d’indiquer si un participant accepte d’être photographié ou pas. Un code de conduite est publié. Une salle est réservée pour les participants qui auraient du travail à faire en ne voulant pas déranger une conférence. L’équipe de l’événement se connaît de mieux en mieux, et se retrouve avec plaisir chaque année. PostgreSQL Conference Europe permet de faire un joli tour de l’Europe :

  • 2009, Paris (France)
  • 2010, Stuttgart (Allemagne)
  • 2011, Amsterdam (Pays-Bas)
  • 2012, Prague (République Tchèque)
  • 2013, Dublin (Irlande)
  • 2014, Madrid (Espagne)
  • 2015, Vienne (Autriche)
  • 2016, Tallin (Estonie)
  • 2017, Varsovie (Pologne)
  • 2018, Lisbonne (Portugal)
  • 2019, Milan (Italie)

Le prochain devrait avoir lieu cette année à Berlin (Allemagne).

Et tout cela, en apprenant les dernières nouveautés du monde PostgreSQL, et en rencontrant des gens passionnés et passionnants.

Je suis devenu trésorier de PostgreSQL Europe au moment où Jean-Paul Argudo n’avait plus le temps nécessaire pour s’y consacrer. C’était en 2010, si je ne me trompe pas. Les événements devenant de plus en plus importants, le bureau a cherché à mieux s’organiser. Les assemblées générales ont été mieux préparées avec un bilan financier, un bilan d’activité, des votes en séance. L’association s’est dotée d’un comptable et a commencé à payer des taxes. Et les événements, notamment PostgreSQL Conference Europe, sont devenus de plus en plus populaires. Le nombre de participants augmente chaque année, ce qui commence à poser problème si on tient à ce que l’événement se passe toujours dans un hôtel.

Je suis resté trésorier dix ans. Mon travail consistait principalement à payer les factures et à faire un bilan mensuel pour les comptables. Je devais aussi m’assurer que les différents comptes étaient bien approvisionnés. Étant le seul Français au bureau, je m’occupais aussi des formalités auprès des autorités françaises, des banques, des comptables, de l’assurance. Chaque année, la préparation des élections et de l’assemblée générale me prenait beaucoup de temps. Le bureau ne se réunissait en présentiel que lors du FOSDEM ou de PostgreSQL Conference Europe, pour discuter des sujets importants. Le reste du temps, la communication était principalement par mail, comme pour toute l’activité de la communauté PostgreSQL en fait. Certains sujets à traiter rapidement passaient par Hangout ou IRC, mais c’était rare. Tout ceci était très intéressant au début, vu que je n’y connaissais rien (ni en comptabilité ni en gestion d’une association). Comme quoi, participer à la communauté, ce n’est pas être développeur ou savoir coder. C’est bien sûr cela, mais c’est aussi plein d’autres choses. Être trésorier, donc à des années lumières du travail d’un développeur, en est un.

Au bout de dix ans, j’en ai fait un peu le tour. Et comme me l’a confirmé Sébastien Lardière à une des soirées de PostgreSQL Conference Europe, il vaut mieux que les gens changent de poste de temps en temps, ne serait-ce que parce que l’association doit pouvoir survivre à l’absence d’une personne.

C’est donc ce que j’ai choisi de faire cette année. À PostgreSQL Europe, on est élu pour deux ans et c’était mon tour en cette année 2020 de quitter mon poste. Cette année, je ne me suis pas automatiquement représenté comme les années précédentes. Laetitia Avrot est la nouvelle élue du bureau. Elle en est devenue trésorière, et elle semble avoir compris l’étendue du travail à faire. Elle est motivée et je lui souhaite bon courage pour la suite. L’actualité ne rend pas sa prise de poste particulièrement simple. Les différents événements de 2020 sont annulés les uns après les autres. Pour l’instant, seule PostgreSQL Conference Europe est maintenue, mais jusqu’à quand ? Quoi qu’il se passe, ceci n’empêchera pas l’association de revenir en force l’année prochaine, et aux organisateurs, conférenciers, et participants de se retrouver avec plaisir dans une nouvelle ville d’Europe.


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